Zied Bakir :
«C’est un entêtement:
l’écriture ou la mort»
L’autobiographe tunisien signe un troisième roman courageux et provocant sur les vertus du déracinement et la magie de littérature et de la langue française.

Tunis, 1987. Tandis que le président Habib Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, est destitué par Ben Ali, l’enfant Elyas Z’Beybi souffre de sa circoncision ratée. Une fois adulte, amoureux des lettres françaises et rêvant de découvrir le monde, il émigre pour l’Hexagone, à Paris, dans le but de devenir français. Il vivra alors diverses tribulations et galères rocambolesques, découvrant la vie de bohème, l’univers des marges, de la communauté Emmaüs à l’hôpital psychiatrique en passant par la Légion étrangère, deviendra ami avec un «clochard céleste» inspirant, un sans-abri philosophe, tentera une relation amoureuse avec sa psychiatre… Avec son troisième roman, La Naturalisation, telle une comédie au ton décalé, l’auteur Zied Bakirrelate avec un humour mordant et de la dérision les mésaventures de son double littéraire, les déroutes et déconvenues de son exil choisi, son parcours pour se faire sa place en tant qu’étranger dans ce pays. Né en Tunisie en 1982 à Ghraïba, un village non loin de Sfax, Zied Bakir nourrit très tôt un goût pour la langue et la littérature françaises. Francophile, il rêve de devenir un écrivain d’expression française. À 24 ans, il vient à Paris pour étudier les lettres à l’université. Dans les rues de l’emblématique quartier Saint-Germain-des-Prés, fief historique de la vie intellectuelle et artistique, il vend son premier roman, On n’est jamais mieux que chez les autres, publié plus tard, en 2012, chez Erick Bonnier. Aujourd’hui installé dans le sud de la France, il a signé une deuxième autobiographie romancée, L’Amour des choses invisibles (Grasset, 2021), inspirée de son emprisonnement en Libye en 2015 alors qu’il commençait un pèlerinage vers La Mecque.
AM: En exergue de votre ouvrage, vous citez un extrait du roman Les Saintes du scandale, d’Erri De Luca, évoquant les migrants à Lampedusa: «Les fils, les petits-fils de ceux qui ont débarqué de ces bateaux seront les présidents, les scientifiques, les poètes, pères et mères de la prochaine Europe.» Pourquoi ce choix?
Zied Bakir: C’est clairement une citation immigrationniste. J’aime son côté cash, un peu provocatrice, qui peut heurter certaines sensibilités – tout le monde ne partage pas cette idée. C’est une lapalissade. Les peuples sont voués à se remplacer les uns les autres, c’est un processus normal, naturel depuis la nuit des temps et cela continuera ainsi. Et puis je voulais aussi rendre hommage à cet écrivain que j’aime beaucoup. Je cite également ce proverbe soufi teinté d’humour, afin de modérer un peu et de se référer à une autre culture: «Prie Dieu mais attache quand même ton chameau.» Cet adage reflète la personnalité de mon personnage et narrateur Elyas, à la fois naïf et lucide. La croyance n’exclut pas le pragmatisme de la réalité.
Qu’évoque ce titre, La Naturalisation, tel un concept?
Ce titre, qui peut interpeller, s’est imposé de lui-même. Il est presque un peu trompeur, car mon livre ne parle du processus pour se faire naturaliser. Mon personnage essaie plutôt de «s’intégrer», la naturalisation n’est pas un but en soi, il veut être considéré comme un humain à part entière avant tout. Moi-même j’ai demandé ma naturalisation. Comme je savais que mon dossier était faible, je me suis dit qu’écrire un livre et l’appeler ainsi me donnerait peut-être un peu plus de chance! Si ma demande n’est pas acceptée cette fois, peut-être que cet ouvrage étoffera mon dossier pour la prochaine fois. C’est vraiment une private joke entre moi et moi. Et le bandeau «Aux immigrés, la patrie reconnaissante» apporte une touche ironique un peu provocante. Car les temps sont durs pour les étrangers. Mon roman est d’abord un texte littéraire, il ne revendique pas un engagement ou des idées, même si ça ne me dérange pas que l’on puisse s’en servir pour ça.
Le début du roman convoque le premier président de la Tunisie, Habib Bourguiba. Que représente-t-il pour vous?
J’avais des comptes à régler avec Habib Bourguiba: je lui en ai toujours voulu, en tant que Tunisien, de nous avoir légué le dictateur Ben Ali, lequel fût son Premier ministre avant de prendre sa place, de le destituer. J’ai toujours pensé que c’était de la faute de Bourguiba. Parce qu’il a accepté d’être président à vie, il s’accrochait au pouvoir, sénile. C’était un dictateur éclairé, alors que Ben Ali était un dictateur bête. Après trente ans de règne, Bourguiba aurait pu préparer l’avènement d’une démocratie. Il a construit la Tunisie moderne, c’est d’autant plus regrettable qu’il nous ait légué un dictateur. On n’en serait pas là aujourd’hui. J’étrille un peu Bourguiba, ce que j’écris n’est pas bien méchant, car c’est un personnage sacré en Tunisie – je prends en compte les sentiments de mes compatriotes. C’est aussi une sorte d’hommage, car il est absent de la littérature francophone. Or c’est un personnage intéressant, qui mérite d’être connu.
Vous racontez notamment sa francophilie…

Oui. Il a étudié à la Sorbonne, épousé une Française. Il a été francophile jusqu’au bout. Dans les années 1940, les Allemands ont occupé la France ainsi que ses colonies, comme la Tunisie. Une grande partie des Tunisiens étaient pour les Allemands parce qu’ils voulaient se débarrasser du colonisateur français. Bourguiba, qui se bat contre les Français pour arracher l’indépendance de son pays, dit non aux nazis. L’ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami. Il a fait une bonne lecture des événements. À ses yeux il fallait aider les Français à combattre le nazisme, puis continuer la lutte pour obtenir l’indépendance de la Tunisie. Sa position courageuse et très clairvoyante mérite d’être reconnue, soulignée. Surtout parles temps qui courent, où la France est en perte de vitesse en Afrique.
Pourquoi faites-vous coïncider la destitution de Bourguiba avec la circoncision ratée de votre personnage?
Cette concomitance m’amusait beaucoup. La circoncision possède une dimension symbolique: elle souligne notre appartenance à une culture, à une religion; comme celle de mon héros ne se passe pas très bien, c’est comme si c’était loupé, raté. La destitution de Bourguiba a été aussi un échec, même si elle n’a pas été perçue ainsi au départ. Les Tunisiens en avaient assez d’être gouvernés par un vieillard qui ne tenait même plus debout. Le jeune Ben Ali, surgissant tel un sauveur, représentait un vrai changement, un soulagement même. Sauf qu’il s’est avéré être un dictateur parla suite, tout a échoué. Le début de mon roman place mon personnage dans un contexte historique, pour que l’on sache d’où il vient. Je mêle la petite et la grande histoire.
Votre héros, Elyas, quitte son pays une fois adulte, car il a la «claustrophobie des rêveurs»…
Influencé par la culture française, il a un désir de grandeur. Ce qu’on lui propose – un petit pays, une religion, des traditions etc. – ne lui suffit pas. Doté d’un esprit critique très développé, il comprend que ce sont des fictions. Et il veut choisir lui-même ses propres fictions. J’aime beaucoup cette expression de la langue française: «Venir au monde.» On naît au monde, et non pas dans un petit pays aux frontières tracées. Elyas est né libre et a envie de le rester. C’est un peu mon double littéraire; La Naturalisation est une autobiographie romancée.
Quels éléments de la culture française vous ont ainsi influencé?
Apprendre la langue et la littérature françaises était un plan de fuite pour moi, avec une dimension opportuniste. C’était mon bagage. Quand vous allez vivre dans une nation étrangère avec l’intention de vous implanter, il faut un certain prétexte. La France est le pays de la littérature, parmi tous. Les livres, l’écriture n’y sont pas méprisés. Je voulais donc faire ça. Ainsi, je ne serais pas dédaigné en tant qu’étranger, car j’étais bien conscient que l’exil pour un immigré sans moyens était difficile. Je ne souhaitais pas une telle vie. Je voulais partir quelque part et me faire respecter, donc j’avais besoin d’un outil. En maîtrisant la langue, on est déjà quasiment chez soi. Et si en plus on écrit des livres, c’est encore mieux. C’était vraiment un pur calcul. Ce qui n’exclut pas la passion évidemment, sans laquelle la démarche ne peut aboutir.
Une fois en France, votre personnage se confronte à sa propre vision fantasmée et vieillotte de ce pays, pour vous citer…
C’est l’autocritique de l’étranger. Il est très lucide, il est conscient qu’il a forcément une vision particulière de la France. Idéalisée si l’on veut, et c’est une bonne chose. Il n’y a pas vraiment de déception, c’est plutôt de la clairvoyance, en référence au proverbe soufi cité en exergue. Il est confronté à des difficultés, parce qu’il vient avec des handicaps, il n’est pas bien préparé. Mon personnage ne revendique rien à part sa liberté; il assume à peu près tout ce qui lui arrive. Il n’a pas cette idée de croire que la France est le paradis, l’eldorado, avec les désillusions qui lui sont inhérentes – ce n’est pas mon sujet de questionner les problèmes sociaux en France. Mon personnage ressemble au Candide de Voltaire. Il traverse le monde et les épreuves avec une certaine insouciance. Il constate, sans préjugés, sans idées préconçues à vérifier.
Votre héros rencontre Alex, un clochard pétri de sagesse et de philosophie. D’où vient cette inspiration?
J’ai une attirance pour les personnages bohémiens dans la littérature, ces mendiants-philosophes détachés de tout, limite cyniques. Dans le dénuement, Elyas s’acoquine avec des personnages de la rue. Alex va le mettre sur la voie de la bohème, influencer le cours de sa vie. Il l’aide à apprivoiser le spectre du vide dans lequel on risque de tomber, ce vertige existentiel que l’on veut éviter – la rue, la misère, la pauvreté. C’est même un gouffre. On est nombreux à essayer de préserver un peu de confort, de sécurité. On évite de regarder la misère, car elle fait peur, elle peut aspirer. Ce n’est pas par indifférence que les gens ne regardent pas les clochards dans la rue, mais pour se protéger. Alex est un artiste du vide. Dans la bohème, il est comme un poisson dans l’eau. Cela peut sembler rassurant quand on se sent menacé par ce gouffre, au bord.
Avec le ton grinçant et humoristique qui traverse tout le livre, votre narrateur tacle ainsi: avec l’huile d’olive et le phosphate, la frustration sexuelle est l’une des denrées rares que son pays pouvait exporter en quantité…
Ce n’est un secret pour personne. La Tunisie n’est pas le pays où l’on s’éclate le plus, sexuellement parlant. Ce qui ne veut pas dire qu’en France, c’est le paradis – il suffit de lire Michel Houellebecq pour le comprendre! Mais on ne peut pas comparer un pays laïc à un pays dont la religion est inscrite dans la Constitution. En France on a le choix. J’y suis aussi parti pour avoir plus de chances de trouver l’amour, sous toutes ses formes, pour avoir le choix. En Tunisie, des jeunes vous affirmeront qu’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais parce qu’ils vivent dans une petite bulle, à l’occidentale, dans cette société de classes. Ils ne sont pas représentatifs. Or on ne peut pas se sentir libre si tout le monde ne l’est pas. La liberté n’est pas une affaire égoïste. On peut se faire une petite place dans un État conservateur, conformiste, et vivre à sa guise, en ignorant le sort du reste de la population. Ça ne me convient pas du tout. Je veux qu’on ait le choix. Pour un esprit libre, c’est impossible de vivre là-bas. En Tunisie, les athées, les homosexuels vivent cachés. Ils n’ont pas le droit de se dévoiler. Ça fait partie des choses qui m’ont dérangé.
C’est l’une des raisons qui vous ont poussé au départ?
Oui. Je ne suis pas adapté à cette nation, et je suis très minoritaire. Alors je suis parti. Même si l’on peut aussi se battre pour changer les choses sur sa terre natale. Encore faut-il avoir cette notion de chez-soi, être nationaliste, patriote, aimer, avoir des choses à défendre. Moi, je suis dépourvu de tout sentiment d’appartenance. Je n’ai pas d’attachement. Et en France, on peut se payer le luxe de n’appartenir à rien, grâce à une certaine liberté. On peut être individualiste. En Tunisie, il faut être comme tout le monde, patriote, nationaliste ou vivre dans ta bulle. Il ne faut pas que l’on sache que tu ne fais pas partie du groupe, sinon tu es stigmatisé.
Votre personnage séjourne quelque temps dans un hôpital psychiatrique. En quoi ce lieu vous intéresse-t-il?
C’est aussi inspiré d’une expérience personnelle. Je teste les choses avant de pouvoir en parler. On reste dans l’univers de la marge, de la bohème, des imparfaits, des «défectueux». J’écris sur les imperfections humaines. Elyas se laisse aller et se rend à cet hôpital un peu par curiosité, par masochisme peut-être, par opportunisme également. Et aussi pour voir ce que la vie lui réserve, que ce soit dans un hôpital, dans la rue ou dans la communauté Emmaüs. Il est attiré par les milieux interlopes, lesquels sont très intéressants d’un point de vue littéraire et méritent un meilleur traitement. Ensuite, Elyas a l’opportunité de se faire naturaliser par le truchement du mariage. Toute cette entreprise est vouée à l’échec. Mais on essaie de faire de l’art à partir de l’échec. Comme dirait l’autre, un revers retentissant vaut mieux qu’un succès banal. Mon livre relève du pessimisme joyeux. Et mon personnage peut être inspirant pour ceux qui font face à des épreuves, car il avance toujours. Il est un vecteur pour donner un aperçu d’un chemin de migrant, même s’il est avant tout un individu, un être humain.
D’où vient le ton humoristique et ironique de votre écriture?
J’aime les livres qui m’amusent, donc j’aime amuser à mon tour le lecteur dans les limites du raisonnable. Ce style d’écriture reflète un regard sur le monde, lequel n’est pas très gai. Il nécessite donc un voile, une protection – l’ironie, la dérision, l’autodérision. Comme on dit, l’humour est la politesse du désespoir. J’ai raté ma vocation d’humoriste. J’étais très fan de Pierre Desproges et connaissais par cœur les sketchs de Raymond Devos. Mais je n’avais pas la personnalité pour faire ce métier, qui requiert de la sociabilité, du courage pour se tenir sur une scène. Je me suis donc rabattu sur l’écriture.
En quoi le sacré doit-il être critiqué, comme l’affirme votre narrateur?
Le sacré mérite d’être désacralisé. Quand on adhère à cette vision, on ne peut pas vivre dans un pays où l’on est étouffé par le sacré. Or le sacré doit être d’ordre personnel. Mais si tout le monde est d’accord, on ne peut pas le critiquer. Les 1% mécontents partent ou restent dans leur coin.
Quel rôle les livres ont-ils joué dans votre parcours?

Issu d’un milieu assez pauvre, très conservateur, disposant de peu de ressources, j’ai souffert d’ennui et d’un certain mépris dans cette société de classes – de la part du pouvoir, des gens qui ont les moyens, des gens de la ville. La lecture est d’abord un refuge, une fuite de cette société dans laquelle on ne parvient pas à vivre; puis elle est un piège qui se referme sur vous, telle une drogue. Elle ouvre aussi l’esprit. On est happé par ce monde parallèle de la littérature quand on sait l’apprécier. J’appartiens à la patrie des livres. C’est ce qui explique aussi mon émigration. Je suis naturalisé dans la République des lettres, plus ou moins. Mes livres sont mes papiers, mon justificatif de domicile. Je ne prétends pas avoir de don. J’écris par défi. Radical, j’ai refusé d’avoir un plan B. Il fallait que j’atteigne absolument mon but, et ça m’a coûté. C’est un entêtement: l’écriture ou la mort. C’est comme un sport extrême, une aventure qui mérite d’y consacrer sa vie et de la risquer. Et ça se mérite de vivre en France. On ne peut pas venir sans rien apporter en retour. Moi, je donne mes livres.
Votre deuxième roman, L’Amour des choses invisibles, est inspiré de votre tentative de pèlerinage vers La Mecque en 2015, interrompue par votre emprisonnement dans les geôles libyennes…

Après un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, j’avais le projet de marcher jusqu’à La Mecque. J’étais paumé. Mais j’étais convaincu que c’était ce qu’il fallait faire, et j’étais sûr que si je ne mourrais pas, j’aurais une matière pour écrire un petit livre. On m’a arrêté en Libye, donc fin de l’aventure. J’ai passé six mois en prison là-bas. C’était difficile, je ne le conseille à personne. C’était un aperçu de l’enfer. On peut en sortir traumatisé. Ce n’était pas sérieux de ma part de traverser un pays en guerre pour aller à La Mecque. Aux yeux des autorités libyennes, j’étais louche – à l’époque, beaucoup de Tunisiens rejoignaient Daech. Je ne me vante pas d’avoir passé un moment dans une prison libyenne, mais je suis content d’en être sorti, et d’avoir écrit un livre édité et apprécié en France. J’en tire une grande satisfaction. J’ai risqué, j’ai gagné. Mais je ne le referai plus! C’était pour la littérature. La preuve que vouloir écrire coûte cher. Comme disait Céline, la vraie inspiratrice, c’est la mort, il faut mettre sa peau sur la table.
De quelle manière cette épreuve vous a-t-elle appris à aimer les choses invisibles?
On se réfugie dans la spiritualité, dans la tentation de l’invisible durant ces moments. D’abord parce qu’en prison, on ne voit rien à part des gueules cassées, des murs, des gamelles. Le visible n’a plus d’intérêt, donc on passe beaucoup de temps les yeux fermés. J’ai beaucoup médité, afin de me connecter à une dimension mystique qui, comme l’humour, est une protection, un moyen de contourner la triste réalité.
Vous vivez en France. Que vous apporte ce regard à distance de votre terre natale, notamment dans l’écriture?
Je cherche à me faire naturaliser pour ne plus ressentir cette menace que mon pays constitue. Avant, c’était un monstre qui voulait m’avaler. Il me fallait une assurance-vie. Là, j’ai un permis de séjour qui me permet de rentrer si je veux. Avoir la chance de vivre en France me réconcilie avec ma terre natale, car je sais que je suis libre. Par les temps qui courent, ça peut servir d’avoir la citoyenneté d’un État un peu plus tolérant. Les habitants de Gaza qui avaient une double nationalité ont pu fuir la guerre et échapper à l’enfer. D’où l’importance d’appartenir à une grande nation. Ça ne résout pas tous les problèmes, mais ça peut sauver une vie et être une chance quand on est assoiffé de liberté et de justice. Il y a une hiérarchie dans la citoyenneté. On ne peut pas être citoyen du monde si l’on est ressortissant tunisien ou nigérien, par exemple. Et pourtant on est un être humain, on est censé appartenir à l’humanité, au même titre que le Hollandais ou le Français qui se targue d’être citoyen du monde.