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Récompense

Baudouin Mouanda
Sous les ciels des saisons

Par Zyad Limam - Publié en novembre 2022
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Série « Ciel de saison », 2020.BAUDOUIN MOUANDA
Série « Ciel de saison », 2020.BAUDOUIN MOUANDA

Il est le premier photographie Africain à recevoir le prix Roger Pic.

Né en 1981, le photographe congolais Baudoin Mouanda nous surprend constamment avec ses images du réel africain, de la vie au Congo et des ambiances de Brazzaville. Sa série sur la SAPE (Société des ambianceurs et des personnes élégantes), qui rend hommage à ces dandys s’habillant en costumes au luxe apparent et aux couleurs multiples, a connu un succès quasi planétaire. La série « Sur le trottoir de savoir » révèle des lycéens et étudiants qui viennent lire et travailler sous les réverbères publics, faute d’électricité chez eux. De l’émotion entre ombre et lumière. Dans son rapport à l’image, Baudoin Mouanda cherche à montrer les réalités, tout en s’appuyant sur la couleur vive, la mise en scène, le décor travaillé et un certain sens de l’humour. Le prix Roger Pic, qui fêtait cette année ses 30 ans, a récompensé l’artiste pour « Ciel de saison », devenant ainsi le premier photographe africain à le recevoir. Créé en 1993 par le grand reporter Roger Pic, ce prix distingue l’auteur d’un portfolio photographique qui « documente le réel et interroge l’humain avec singularité ». Pour cette série primée, l’homme a travaillé sur le thème du changement climatique, la réalisant pendant le premier confinement, à la suite d’inondations qui frappent (régulièrement) la capitale congolaise. Des orages, des éboulements, mais aussi des changements du rythme des saisons, qui peuvent à chaque catastrophe bouleverser le quotidien de populations déjà pauvres. L’artiste a voulu témoigner de ces traumatismes : « J’ai pris mon appareil photo, me souvenant de chaque détail des lieux visités (écoles, hôpitaux, pharmacies, commerces, maisons), et j’ai sollicité des témoignages pour reconstituer le spectacle de désolation. » Le travail se fait dans le chantier inondé de sa future école de photographie à Brazzaville. Les gens viennent avec leur décor habituel. Ils posent. Ils reconstituent les pieds dans l’eau le réel de leur vie. Et de leur souffrance. Un projet qui n’aurait pu voir le jour sans l’implication de ces victimes du quotidien, à voir à la galerie de la Scam, à Paris, jusqu’au 17 mars 2023.