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Trois questions à…

Ismael El Iraki
De rock et d’amour

Par Fouzia Marouf - Publié en octobre 2021
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APRÈS H’RASH, court-métrage tarantinesque, le Franco-Marocain signe son premier long : road-movie endiablé, Burning Casablanca est une ode à la vie et à la musique au nom de la liberté.

AM : Comment est né Burning Casablanca ?

Ismael El Iraki. DR
Ismael El Iraki. DR

Ismaël El Iraki : Ce film est un incendie. Un désir qui a fait feu de tout ce qu’il trouvait en moi : mon amour pour Casablanca, ville libre, pour la musique et le cinéma des années 1970, la pellicule et le CinémaScope, les acteurs, pour qui j’ai écrit ces personnages qui portent leur prénom… Mais aussi ma haine pour Casa, ville violente, et mes souvenirs et cauchemars liés au stress posttraumatique d’être un survivant de l’attentat du 13 novembre au Bataclan.

Comment la chanteuse Khansa Batma, voix emblématique et star au Maroc, a-t-elle accueilli ce projet ?

Le film a été très long à financer, je l’ai porté pendant plus de dix ans. Je réécrivais souvent pour qu’il reste proche de moi. J’ai écrit le personnage de Rajae pour Khansa : il n’y a jamais eu de doute sur le fait qu’elle porte ce film, bien qu’on ait tenté de me pousser à caster une actrice connue du public européen. Il était inimaginable sans elle : elle lui apporte sa puissance, sa gouaille casaouie, et surtout la liberté de mettre en scène des séquences musicales grâce à la beauté et la maîtrise de sa voix. Le chant s’y mélange au jeu, à la narration, on mêle cinéma et musique de façon organique.

Burning Casablanca. DR
Burning Casablanca. DR

La métropole casablancaise est rock, underground, mais votre court-métrage détonnant H’Rash y dénonçait la corruption, l’hogra des riches parvenus sur les pauvres…

​​​​​​​​​​​​​​Dans un pays qui est comme une vieille dame, avec ses traditions et son inertie, Casablanca est une adolescente Tous les Casaouis l’aiment et la détestent : c’est la ville des grands écarts, des très riches et des très pauvres, des clashs permanents, à la fois laide et belle, avec une beauté qui naît de ses imperfections, et qui change constamment. Violente, polluée, agressive. Et quel espace de liberté ! L’imaginaire et l’esprit subversifs, très rock, de cette ville ont inspiré les habitants : Nass El Ghiwane, Fadoul ou Don Bigg n’aurai​​​​​​​ent pas pu venir d’autre part !