C’est déjà trop tard !
Je sais, c’est un sujet récurrent ici. Mais c’est volontaire. Et l’actualité l’exige. En effet, le second volet du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de sortir. Alors, certes, entre les menaces djihadistes, les coups d’État et les transitions incertaines en Afrique, la guerre en Europe et, hier, le Covid-19 pour tous, la question de l’urgence climatique passe régulièrement à la trappe. Pourtant, nous allons tous payer l’addition. Et pas demain, mais dès maintenant. António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, à sa lecture, a fait une déclaration qui se passe de commentaire : « Un recueil de la souffrance humaine et la preuve de l’abdication criminelle des dirigeants mondiaux. »
C’est exactement ça. De COP en COP, rien n’avance. Les fonds promis à l’Afrique ne sont toujours pas débloqués. Et si la prise de conscience des populations est réelle, face aux effets visibles des vagues de chaleurs démesurées, des précipitations en abondance délirante ou de l’élévation vertigineuse du niveau de la mer, je ne suis pas sûre que les États, riches ou pauvres, aient pris le taureau par les cornes. La politique politicienne gère le présent, c’est connu. Pas le futur.

Alors, que faire ? Selon ce nouveau rapport, fruit des analyses de 270 chercheurs du monde entier sur 34 000 études disponibles depuis 2014, notre inactivité nous a menés à un point de non-retour sur la plupart des dégradations de notre planète. À tel point que l’urgence est moins de les enrayer (elles sont déjà là) que de s’y adapter. Parmi les pistes : repenser les villes, en limitant les îlots de chaleur et en facilitant l’évacuation des eaux. Pas gagné en Afrique où « isoler la chaleur », ça ne va pas être simple. Pire : la plupart des routes du continent ont été conçues sans évacuation !
Il ressort que ce genre de chantiers, longs et onéreux, prendra tellement de temps que… la sécheresse et les inondations mettront en péril la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, la santé. Quels que soient les programmes, ceci ou cela lancé par les gouvernements. S’il ne tape pas du poing sur la table côté financements et ne met pas le climat en tête des priorités, le continent risque de sombrer. Corps et biens. Car, en effet, si l’Afrique pollue très peu en comparaison du reste du monde, elle est la plus fragile et la première impactée. Donc, faut bouger là !
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Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Une « opération spéciale », prévue pour durer quelques semaines tout au plus. La guerre totale, pourtant, s’est installée depuis plus d’un an, avec son cortège de tragédies. Le conflit a bouleversé le désordre établi du monde. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a resserré les rangs, les États-Unis et l’Europe soutiennent Kiev, avec des moyens sans limites.
La question alarmante de l’eau semble enfin surgir en tête des priorités, à en croire le nombre de conférences, rencontres et assises qui se succèdent en ce début d’année sur le sujet. Le 22 mars, à l’occasion de la journée mondiale qui lui est consacrée, c’est à la tribune des Nations unies, à New York, que le stress hydrique sera débattu, dans le cadre d’une large conférence de trois jours. De terribles chiffres circulent : en 2019, plus de 60 % des populations subsahariennes n’avaient pas un accès minimal à l’eau, et en 2022, 400 millions de personnes n’avaient pas accès à l’eau potable. Une litanie de raisons explique cela : croissance démographique galopante, mauvaise gestion des points d’approvisionnement, coût élevé des branchements, vétusté des infrastructures, etc.
Ces derniers jours, l’Hexagone s’enflamme au sujet des retraites. La population est vent debout contre l’allongement des cotisations et le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ au repos. Vus d’Europe, où la plupart des pays ont déjà repoussé la date fatidique bien plus loin et depuis longtemps, les Français font un peu figure de flemmards. Vus d’Afrique, c’est très différent.