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Quelques bonnes nouvelles de l’état du monde

Par zlimam - Publié en août 2015
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Disons, pour commencer, que malgré tout ce que vous pouvez lire dans vos magazines, dans vos journaux, malgré tout votre « ressenti », le monde ne s’est jamais aussi bien porté. Jamais. Vraiment. En 2015, nous vivons, globalement, mieux que tous les êtres humains qui nous ont précédés dans l’histoire de la Terre. Sécurité, santé, longévité, éducation, taux de mortalité, etc., tout est là. Des plus riches aux plus pauvres, nous avons, d’une certaine manière, de la chance. Laissez-moi essayer de vous persuader, en prenant quelques exemples, et en vous donnant des bonnes nouvelles de l’état du monde.

On peut mégoter sur les calculs, contredire telle analyse ou telle méthode comptable, mais la tendance structurelle est là. La grande pauvreté dans les pays en voie de développement diminue. Le total des personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour et par personne) est tombé de 1,9 à 1 milliard entre 1981 et 2011. L’évolution est d’autant plus marquante que la population mondiale est passée dans le même temps de 4,5 à 7 milliards d’individus. Schématiquement, 17 % de la population des pays en voie de développement ou émergents vit aujourd’hui avec moins de 1,25 dollar par jour, contre un peu plus de la moitié il y a trente ans. Évidemment, le seuil considéré est particulièrement bas : si l’on « remonte » à 2 dollars par jour, on peut considérer le nombre de « pauvres » à près de 2,1 milliards de personnes. Un tiers, grosso modo, de la population mondiale aujourd’hui, contre près de 70 % en 1981. Une vraie révolution !

Les progrès les plus significatifs ont eu lieu en Asie, en particulier avec le réveil de l’immense Chine. Et les chiffres de l’Afrique sont malheureusement moins encourageants. C’est le seul continent où le nombre de personnes extrêmement pauvres a augmenté. Ce chiffre a même doublé sous l’effet du choc démographique : de 210 millions en 1981 à 415 millions en 2011 ! Mais en pourcentage, la grande pauvreté a tout de même diminué de 6 % en trente ans. (Et de 10 % entre 1999 et 2010). C’est encore trop faible mais c’est un indice. Quelque chose change. Le revenu moyen progresse. Il a grimpé de deux tiers depuis 1998, d’un peu plus de 1 300 dollars à près de 2 200 dollars aujourd’hui. Une classe moyenne (dont la définition reste sujette à de nombreuses controverses) est en train de naître avec 400 millions d’individus.

Cette évolution renvoie à un autre mécanisme historique en marche : en 2012, les pays développés (un peu moins d’une quarantaine de nations) ne représentent plus que la moitié de la richesse mondiale (100 000 milliards de dollars), alors qu’ils en créaient plus de 60 % en l’an 2000, plus de 70 % en 1980… Les pays en développement sont à parité et, mieux, ils généreront près de 60 % de la richesse globale en 2030. Au-delà des cycles et des conjonctures, au-delà des acronymes divers (Brics, N11, E7, etc.). C’est un immense basculement. Qui s’est opéré en moins d’un demi-siècle (il suffit de vous souvenir de la situation à l’époque de nos parents et de nos grands-parents…). Tout cela se traduit par le développement accéléré d’une grande classe moyenne émergente, qui devrait jouer un rôle majeur dans les transformations politiques, sociales et économiques du monde.

D’après les experts, près de la moitié des pays qui bénéficieront massivement de ces changements se trouvent en Afrique subsaharienne : le Nigeria, l’Éthiopie, l’Angola, la Tanzanie ou le Kenya (qui pèseront autant que le Koweït), le Ghana, le Soudan, la Tanzanie, le Kenya, etc.

Autre immense bonne nouvelle, la démocratie progresse. Partout. Tous les jours. On peut débattre à l’infini du sens précis du terme et de ce qui la rend plus ou moins parfaite… Mais aujourd’hui, plus de la moitié de l’humanité vit dans un système relativement, ou véritablement, démocratique. Qui concerne la majorité des pays (disons aux alentours de 85). Et les dictatures, les régimes totalitaires sont devenus l’exception. Du jamais-vu dans l’histoire de l’humanité. La tendance globale est là, avec toutes les variantes possibles et locales. Même les autocraties russe et chinoise, qui semblent faire front à toute évolution libérale, sont incomparablement moins répressives que ne l’étaient les régimes de Staline ou Mao… Comme le disait Churchill : « La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres. »

Ceci expliquant peut-être cela, le monde n’est pas au bord du chaos généralisé. Contrairement à l’impression générale, les violences qui menacent la plupart des êtres humains – les homicides, les viols, les sévices infantiles, etc. – sont, globalement, en déclin constant et partout dans le monde. Ce n’est pas une intuition de l’auteur. C’est ce que révèlent les statistiques (comme le disait Bill Clinton : « Regardons les courbes, pas les gros titres… »).

Les guerres opposant frontalement des grands États, ou des alliances d’États – de loin le type de conflit le plus ravageur –, sont devenues pratiquement obsolètes. Ou rendues impossibles par la menace d’autodestruction mutuelle. Rappelons-nous également d’une histoire pas si ancienne, du XXe siècle, le plus meurtrier de toute l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, la perception de la violence est plus nette, plus déstabilisante : actes de violence terroriste, mises en scène macabres, impact des médias et des réseaux sociaux… Mais le nombre de victimes reste, comparativement, limité. Et, nuance de taille, nous mourrons plus en raison de la criminalité (50 000 victimes par an au Brésil, par exemple…) qu’en raison de conflits ou d’attentats.

Bref, et pour résumer de manière assez schématique ma pensée, un nombre toujours plus important d’êtres humains vivent en paix (même relative) et meurent à des âges que nos ancêtres n’auraient pas osé imaginer atteindre. Voilà. Des bonnes nouvelles ! Il faut croire en l’avenir, en notre capacité à progresser, à surmonter les défis, écologiques, sociétaux, politiques. Croire en notre capacité à se transformer. Nous serons bientôt 10 milliards. Oui, 10 milliards ! Nous aurons besoin de toute notre intelligence collective pour vivre ensemble sur notre Terre, cette petite tête d’épingle perdue dans un microcoin du vaste univers…