Comment ça se passe pour vous aux Pays-Bas ? Je m'inscris toujours dans l'action. En mars dernier, je préparais plusieurs défilés à Paris, à Amsterdam et au Nigeria, et je lançais de nouvelles collaborations avec un musée. Mais tout a été annulé. Après un temps de réflexion, j'ai décidé de proposer des projets afin de rapprocher les gens et de continuer à être créatif. J'ai commencé un projet de « distanciation sociale » fait de centaines de visages dessinés sur un tissu, que j’ai envoyé à des participants du monde entier pour qu’ils le brodent chez eux. Une fois fini, ils me l'ont renvoyé et nous l'avons assemblé afin d'en faire une œuvre d'art monumentale. C'est un symbole d'unité, je voulais que les gens soient à l'aise en participant à cette œuvre car pour moi, la créativité a toujours été salvatrice.
Et vous, comment ça va ?
Comment ça se passe pour vous à Dakar ? Ici, on continue à travailler comme d'habitude mais avec des horaires aménagés : on s'arrête à partir de 17 h et tout le monde reste à la maison dès 20 h, car on respecte le couvre-feu en vigueur. À l'annonce du confinement à la télé, j'ai décidé de fabriquer des masques destinés à la population. J'ai lancé un appel via mes comptes Facebook et Instagram, les stylistes Mame Faguèye Bâ et Lahad Gueye ont d'emblée accepté de m'aider. On a fabriqué 20 000 masques. J'ai choisi le blanc comme couleur pour des raisons d'hygiène afin que les gens les lavent chaque jour car avec la poussière, ils seraient inévitablement sales.
Comment ça se passe pour vous à Paris ? J’ai été contaminé par le Covid-19, heureusement les symptômes étaient légers. Je suis de près l’actualité sur le virus, en Algérie notamment. Je suis inquiet, mais très optimiste : nous vaincrons cette saloperie ! Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui que vous n’aviez pas le temps de faire avant ? Je lis énormément et j’écris un nouveau roman depuis le premier jour du confinement. Je viens d’achever le premier jet, c’est un record ! Il me reste encore beaucoup de travail. Je me suis aussi mis en retrait des réseaux sociaux, qui n’apportent rien. Je ne vois pas les journées passer !
Comment ça se passe pour vous à Abidjan ? Je me suis « autoconfiné ». Cela ne me change pas beaucoup, car je suis assez casanier. Avec la fermeture des restaurants, les déjeuners et dîners d’affaires ne sont plus possibles, mais finalement je me rends compte que l’on peut s’en passer.